Avant la Révolution Française

 

Un des actes le plus ancien où Locminé est citée nommément en tant que localité propre, date de mai 1272, il concerne l'achat par le vicomte Alain VI de Rohan à Alain de Quenhouët " de 13 livres 10 sols de rentes à Lomené".

Au siècle suivant, Jean de Locminé assure l'intérim du siège épiscopal de Vannes, de 1359 à novembre 1361, entre les évêques Gauthier de Saint père et Geoffroi de Rohan. Quelques dizaines d'années plus tard la paroisse de Moustoir'Ac devient dépendance de Locminé – alors dénommée "Lomenec" ou "Locus-Monachorum". A ce moment une butte féodale existe au lieu dit Quistinic. Ses quatre tourelles, reliées entre elles par des courtines et entourées de douves profondes ne seront détruites qu'au début du XIXème siècle.


Les documents de cette époque sont rares, concernant Locminé. Il en existe cependant quelques-uns, qui nous éclaire, faiblement, sur ce qui s'y passe :

  • En 1518, un grand événement se passe à Locminé. Le roi François 1er visite le duché de Bretagne. Le 16 août il est à Nantes, le 1er septembre à Vannes. Il passe par Auray, qu'il quitte le lundi 13 pour se diriger vers Pontivy. Le roi se déplace à cheval et les chroniqueurs de l'époque – qui ont retracé son itinéraire – sont formels : François 1er et sa suite font étape à Locminé le lundi 13 septembre au soir.
  • En 1560, il existe un moulin à tan, situé à Kerpiège, et qui appartient au prieur de Locminé, ce qui confirme que dès cette époque, des tanneries et des ateliers travaillant le cuir, fonctionnent près du Tarun.
  • Bignan est alors le siège principal de la justice dans la région (Manoir de Tréhardet), mais celle-ci s'exerce aussi parfois, dès la première moitié du XVIIème siècle, à Locminé, où se trouvent les prisons. Les piloris et les carcans s'élèvent à Moustoir'Ac.
  • D'octobre 1633 à janvier 1634, la peste sévit à Locminé et "la contagion déloge la plupart des habitants. Ceux qui ne trouvent pas où se retirer aux champs rendent bossu le cimetière de quelques 250 corps. Ce qui a fourni surcroît de frayeur a été le feu qui, le jour de la Nativité de Notre-Dame, a brûlé 44 maisons devers la rivière, vers la Vraie-Croix". Le mal fera succomber un sixième de la population en quelques mois.
  • La majorité des habitants de la paroisse sont alors des paysans cultivateurs et des petits artisans : bouchers (20 à la fin du XVIIème siècle), cordonniers (30 en 1703), tisserands ou tessiers, tanneurs (22 en 1703), cloutiers.
  • En 1703, Locminé compte six auberges : celle du Lion d'Or a pour hôte Jean Pépion, celle du cheval blanc est à Etienne Rallier; celle du Chapeau Rouge à Barnabé Le Jeune. Les noms des tenanciers des auberges de la Croix Verte, du Croissant et de la Croix Rouge ne sont pas parvenus jusqu'à nous.

 

Le prieuré

Après sa restauration par Félix au début du XIème siècle le prieuré de Locminé mène une existence paisible. De nombreuses habitations se groupent bientôt autour de lui et forment un bourg, dont le prieur devient naturellement le chef spirituel, mais aussi le seigneur temporel. Il reconnaît le vicomte de Rohan comme son suzerain et il lui rend aveu aux plaids généraux de la barre de Pontivy " à congé de personne". Le prieur bénéficie dès lors des droits de basse, moyenne et haute justice. Il gère également la prison. Le prieuré possède plusieurs maisons, une halle, un four banal et un moulin à eau et un autre à vent, rue Moque-Souris et à Kerpièche. La dîme est alors en partie ecclésiastique et en partie féodale. Les religieux assurent bien entendu le service pastoral aux habitants du lieu et le "Loc-Menech" forme bientôt une paroisse autonome, séparée de celle de Moréac, et formant un territoire beaucoup plus petit que ceux des paroisses environnantes.
Si on ignore l'époque exacte à laquelle les moines ont quitté le prieuré, on sait cependant qu'en 1639, la maison prieurale, contiguë à l'église est toujours debout et qu'un aveu mentionne "un vieux cloître en ruine".
En 1701, les bâtiments du prieuré n'existent plus. On en voit seulement l'emplacement au sud de l'église, avec la porte d'entrée encore debout.


La paroisse

La paroisse de Locminé naît à une date inconnue, et ses recteurs (d'abord nommés vicaires perpétuels) succédèrent aux prieurs auprès des habitants au cours du XVème siècle. Le prieur leur cède alors une partie de ses revenus pour leur tenir lieu de portion congrue. Les recteurs sont présentés par l'Abbé de Saint Gildas de Rhuys. La paroisse dépend alors du doyenné de Porhoët.
Au XVème siècle environ, la paroisse étant trop petite pour y faire vivre normalement le clergé local, les évêques de Vannes jugent à propos d'unir à Locminé la paroisse de Moustoir-Radenac ou Moustoir-Ac. Le recteur se fixe naturellement à Locminé, comme dans le lieu le plus important au point de vue population, et charge un curé, choisit et rétribué par lui, de résider à Moustoir-Ac pour y faire les baptêmes, les mariages et les sépultures, comme dans le passé. A Locminé, le recteur est assisté d'un vicaire.
Cette situation secondaire fit considérer le Moustoir-Radenac ou le Moustoir-Locminé comme une simple trêve, mais bien à tort, car c'était une véritable paroisse, simplement unie à une autre. Il y aura d'ailleurs toujours deux églises et deux presbytères.
D'autre part, en plus du recteur et de son vicaire, il existe à Locminé "une communauté de prêtre" qui compte 5 à 6 membres. A Locminé, l'église fut donc placée sous le vocable de Saint Sauveur auquel même on attribua le titre de patron de la localité.


Les écoles

Vraisemblablement les moines du prieuré intruisirent, dans des temps lointains, avant le XVème siècle, quelques jeunes gens, ne serait-ce que pour assurer leur recrutement. Par la suite on ignore tout de ce qui peut concerner un enseignement quelconque jusqu'au XVIIème siècle. A cette époque plusieurs régents propagent leur savoir à Locminé, mais uniquement à une classe riche, délaissant la grande masse du peuple. Quelques noms sont parvenus jusqu'à nous de ces enseignants, qui prodiguent essentiellement la lecture et l'écriture, le latin et le calcul. Ce sont Maître Vincent Laurent (1612-1678) qui enseigne durant 25 ans tout en assumant les fonctions de chantre de l'église, de notaire apostolique et de protonotaire de la juridiction ducale de Rohan à Locminé – et son successeur, Yves Le Masson, Procureur à Locminé en 1719.
Mgr de Bertin, évêque de Vannes, envisage en 1758, de créer deux écoles, à Locminé, pour les filles et les garçons. Pour ce faire, il acquiert le 22 septembre une propriété occupant l'ancienne maison prieurale et ses dépendances, et y construit en 1760, une école. Le premier instituteur des garçons est Pierre Le Boucher qui deviendra Recteur de Locminé en 1763. Il sera remplacé par Mathurin Robin, puis par Louis Richard. Tous dirigent alors ce qu'on appelle pompeusement "le collège".
Pour les filles, il faut patienter un peu, car il faut trouver des enseignants. L'évêque songe aux sœurs de la Sagesse. Il écrit également au général de la paroisse "pour avoir acquiescement ou refus à ce que les filles de la Sagesse, propre à éduquer la jeunesse et traiter les pauvres et les malades fussent venues à Locminé occuper la maison que le dit Seigneur évêque à fait édifier à dessein." L'évêque transmet cette missive à la maison-mère des sœurs, qui ne tarde pas à envoyer trois religieuses. Locminé possède ainsi deux écoles dès 1765, longtemps avant les paroisses de même importance de la région.


Saint Colomban

Saint Colomban était selon certains auteurs, « le patriarche des moines d’Ecosse », et vivait au VI ème siècle. La paroisse de Locminé recueillit dans des temps lointains, des reliques du Saint. Il acquit la réputation de soigner les idiots, les innocents, les épileptiques, les malades mentaux légers ou profonds. On venait en pèlerinage à sa chapelle de Locminé. Aux XVIème et XVIIème siècles, il est un des plus importants de Bretagne.